Je riais, j'aimais
|
Texte d'archive:
Date de publication/archivage: 2021-02-13 Auteur: Stéphane |
Mon adolescence, c’est le pensionnat, une sorte de prison adoucie. Si j’en garde néanmoins de bons souvenirs, c’est à cause de ce jeune minet blond qui m’a comblé de tendresse durant les quatre années que j’ai passées là-bas. Il s’appelait Stéphane, comme moi, mais était en cinquième, alors que j’étais en quatrième, comme un grand.
Le jour de la rentrée, je l’avais déjà remarqué, surtout son regard d'enfant apeuré, comme une invitation à la tendresse, à ma tendresse. Évidemment, avec son air timide, les grands se faisaient un plaisir de l’emmerder, mais comme j'étais fort, j’ai eu vite fait de le prendre sous ma protection et de le défendre contre les jeunes cons qui s’attaquaient aux petits. Il me voua aussitôt une admiration, un attachement qui me faisaient fondre.
Un jour, je le surpris à pleurer tout seul dans une étude déserte où je venais fumer en cachette. Je m'approchai, m'assis à côté de lui. Il posa sa tête sur mon torse, sanglota de plus belle. Il m'expliqua qu’un mec de troisième lui avait piqué tout son argent. Je l’embrassai sur le front en lui promettant de régler son compte au morveux de troisième. Il me regarda de ses beaux yeux humides, me dit ces mots qui me firent exploser de tendresse : « Toi, Steph, je t’aime très fort, il n’y a que toi. » J’avais la poitrine prête à exploser, mon cœur s’emballait comme si j’avais couru un deux cents mètres... J’ai mis mes mains autour de son visage. Je l’ai regardé, je lui ai dit que je l’aimais aussi. Ses lèvres étaient brûlantes et douces, il fondait en moi comme toutes les douceurs du monde. Le baiser gommait toute la grisaille ambiante. J’étais fou, je chialais comme un fou, je riais, j’aimais.
Stéphane, 24 ans.